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Portrait Hafiz et Aicha ouvrir le diaporama
CHATHA Cie - Aicha M'Barek & Hafiz Dhaou

[Portrait ]Aïcha M'Barek et Hafiz Dhaou : À Lyon, on a reconnu n nous notre qualité 'auteurs »

Tribune de Lyon

04 sep 2025 > 12 oct 2025

« On doit être en plateau à 15 h » , prévient Aïcha M'Barek. Alors qu'elle s'étire sur le fauteuil de sa loge baignée de lumière, une cascade de cheveux gris dévale le long de son dos. « Après, on dit ça, mais nous, quand on commence à
parler… » , poursuit-elle dans un large sourire. À côté d'elle, son partenaire de toujours Hafiz Dhaou n'a plus le moindre cheveu sous son bonnet rouge, mais le regard tout aussi rieur et chaleureux. Il frôle la cinquantaine, elle vient juste de la
dépasser. Ce mercredi de mai, le couple de chorégraphes est en plein filage de leur dernière création à la Maison de la danse.

Leurs chemins se sont croisés pour la première fois dans les années 1990 à Tunis, où ils sont nés, pour ne plus jamais se séparer. En 1998, un autre coup de foudre saisit les deux danseurs : Lyon. Invités avec une compagnie tunisienne pour la biennale, ils sont repérés par Guy Darmet qui les envoie fissa se former au Centre national de danse contemporaine d'Angers. « Il est venu jusque dans le salon de mes parents à Tunis pour les convaincre, et ils ont compris que c'était du sérieux » , se remémore Aïcha. Une confiance peu commune pour l'époque, où quitter le domicile familial et devenir danseuse quand on est une jeune fille est loin d'être évident dans ce pays.

C'est entre Rhône et Saône qu'ils poseront finalement leurs valises en 2005 et créeront leur
compagnie.

Entre politique et poésie. « On est entrés à Lyon à travers la danse et on est tombés amoureux de Lyon
grâce à la danse »
, résument-ils d'une même voix. Pour Hafiz, « c'est comme un coup de coeur d'enfance ».

De ceux trop sincères pour ne pas leur faire confiance. « La Biennale de Lyon a été très bouleversante émotionnellement. On s'est rendu compte qu'il y avait comme une chape au-dessus de nous en Tunisie et qu'on n'arriverait pas à percer. Ici, on a reconnu en nous une qualité qu'on ne soupçonnait pas,
celle d'être des auteurs » ,explique-t-il. Plus tard, au moment du Printemps arabe, leur avis sur la culture et la liberté en Tunisie sera beaucoup consulté. Les créateurs du spectacle Sacré Printemps ! (2014), entre politique et poésie, se défendent pourtant du mot « engagés » que les médias leur collent trop vite.

« Ce sont les critiques qui ont mis ces mots-là car ils ramènent notre travail à un contexte sociopolitique
fort. Nous, on fait juste ce qu'on a à faire. On se reconnaît là-dedans, mais on garde une très grande vigilance, celle de ne pas être exotiques, pris en otage ou étiquetés. Les raccourcis sont trop rapides » , pondère Hafiz. Avant de revenir à la danse, toujours, et sa possibilité d'exister. « Le fait d'être interprètes dans une compagnie nous a permis de comprendre le système. La grève des intermittents en 2003 a été très importante pour nous, on a perçu les moyens avec lesquels la culture était subventionnée. Ça nous a donné la dimension de la nécessité d'avoir de la culture, au même titre
que la santé ou l'éducation. On ne se rendait pas compte de l'économie de la danse » , retrace le
chorégraphe.

Danser en liberté.

En juin, ils en ont d'ailleurs vécu l'amère expérience du retrait intégral de la subvention de la Région à leur compagnie, Chatha, créée en 2005. Ils avaient été prévenus trois semaines avant. Pas de quoi les démonter pour autant. Après leur
Bal clandestin à la Maison de la danse en mai dernier, performance de sept danseurs au milieu du public